Diane Meyer utilise la technique de broderie au point de croix pour faire apparaître, à la manière d’un fantôme, le mur qui scindait la ville de Berlin. S’il fut détruit en novembre 1989, les traces de son existence demeurent perceptibles.
Certaines parties de ces photographies prises avec un appareil moyen format ont ainsi été masquées par du point de croix, ajouté à la main, à même le support. La broderie, par sa matérialité, est légèrement surélevée par rapport à la surface du tirage. Elle souligne ainsi les limites artificielles créées par le mur et devient littéralement une barrière pour le reste du paysage.
Le motif créé emprunte au langage visuel de l’imagerie numérique et offre une vue pixelisée de ce qui se trouve derrière. Ainsi, il révèle et dissimule à la fois le mur et apparaît comme une trace translucide ou un fantôme qui n’existe plus dans le paysage, mais qui pèse encore sur l’histoire et la mémoire.
À propos de cette série, la conservatrice et commissaire d’exposition Claudia Bohn Spector a écrit “la couture transperce le tirage tout en cicatrisant et en dissimulant le tissu historique auquel elle fait allusion. Elle offre un contraste poignant avec la brutalité inflexible du mur et nous rappelle l’artifice considérable de la photographie et de l’histoire“.
À travers cette série, Diane Meyer met en évidence le caractère éphémère du souvenir et permet de comprendre a posteriori l’ampleur du mur dans le tissu urbain.




