Tom WOOD

Snatch out of time

Tout au long de ses pérégrinations liverpuldiennes, Tom Wood laisse entrevoir plus qu’une attention particulière à l’autre. Tom Wood est tout entier dans sa photographie. S’il faut reconnaître au photographe un évident mérite d’observateur, on ne peut que constater qu’il vit à la place de ses personnages. Il se confond avec eux. Lors de la prise de vue, entre le modèle et le photographe une sensibilité commune se manifeste. Instant a priori insignifiant, rapide, presque volé, où pourtant le monde du sensible ne fait plus qu’un. La méthode du travail photographique repose dans cet ambivalent partage. En cherchant à définir le lien qui unit Tom Wood à cette foule, il nous apparaît clairement que le but recherché est dans cette fusion entre une pratique et des instants de vie….

Tom Wood fait de chaque image un moment symbolique en mesure de représenter le tout, c’est-à-dire un monde complet, signifiant et poétique. L’analyse des rapports sociaux s’impose sans qu’il ne soit nécessaire d’apporter les moindres éléments didactiques.

Les photographies de Tom Wood sont chargées de détails, de portraits minutieux fondant une esthétique du continu dont témoigne la pratique du réemploi. Son approche péripatéticienne de la photographie le conduit à déceler des variations au sein même de la situation déjà vécue : ce sentiment de déjà-vu, la répétition se greffant sur la matrice narrative. De série en série, les changements énonciatifs sont peu nombreux et ce monde reste comme identique, non pas figée mais conservant son essence. L’oeuvre faite de collages quotidiens et de séries fragmentaires aboutées, jamais achevées, s’avère dans la durée d’une grande homogénéité.

Par ses capacités à organiser de manière identique dans le temps la narration de l’intrigue, Tom Wood crée une fresque contemporaine inégalée.

François Cheval

Liverpool

Tom Wood, photographe que Martin Parr qualifiait en 1998 de “génie méconnu de la photographie britannique”, est irlandais d’origine et a passé la plus grande partie de sa vie à Liverpool.
Surnommé par la rue “Photie Man”* (le type à l’appareil photo) tant il a fait, avec son appareil photo, partie du paysage liverpuldien, l’artiste a sillonné depuis le milieu des années 70 les moindres recoins de sa ville d’adoption à pied ou en bus. Ce dernier est le moyen de locomotion constitutif de sa photographie comme en témoignent ses livres “Bus Odyssey” et “All Zones off Peak”.

Pendant presque trente ans, la rue a été le cadre de ses recherches photographiques. Ce travail, nourri de son quotidien, se situe entre documentaire, expérience de vie et recherche visuelle. Ses images, prises pour la plupart au Leica, alternant couleur et noir et blanc, dévoilent la complicité qu’il entretient avec ses sujets. Il est l’un des leurs, vit comme eux, se fond parmi eux. “Il touche à l’intime parce qu’il n’agresse pas l’intimité”, s’affranchit des contraintes photographiques et s’autorise une véritable liberté de regard.

Avec Martin Parr, Chris Killip et quelques autres de la même génération, Tom Wood a largement contribué au mouvement de la photographie sociale anglaise qui s’est développée suite à l’explosion punk en réaction aux années Thatcher.

Air de famille

On retrouve le triangle mères, filles, sœurs auquel s’ajoute celui du père, du fils et du frère. Quelques photos vernaculaires de la relation filiale appartenant à la collection personnelle de Tom Wood viennent ponctuer l’accrochage. De la fin des années 1970 jusqu’au début des années 2000, dans une déambulation quotidienne, Tom Wood photographie inlassablement les générations d’habitantsde Liverpool, dans la rue, le bus, au travail comme dans les loisirs.

Surnommé “Photie Man“, soit “le type à l’appareil photo“ par les habitants de Liverpool, Tom Wood transcende la pratique photographique, désireux de connaître les gens, de créer un lien avec eux avant tout. C’est ainsi que se dégage une certaine connivence avec le photographe, le lien avec Tom Wood étant explicite dans leurs regards confiants orientés vers l’objectif.

Œuvres

Expositions

2022

Snatch out of time

Galerie SIT DOWN

18.11.2022 – 14.01.2023

Révélations (exposition collective)

Paris PHOTO

10.11.2022 – 13.11.2022

2021

Remember nature (exposition collective)

Paris PHOTO

11.11.2021 – 14.11.2021

Happy Birthday Tom!

Galerie SIT DOWN

23.01.2021 – 20.02.2021

2019

Air de famille

Galerie SIT DOWN

06.11.2019 – 21.12.2019

Mothers, Daughters and Sisters

Les Rencontres d’Arles

01.07.2019 – 25.08.2019

Solo show

Photo London

15.05.2019 – 19.05.2019

2017

Solo show

Foire PARIS PHOTO

03.11.2017 – 12.11.2017

2015

Cynefin, les paysages gallois

Galerie SIT DOWN

10.11.2015 – 20.12.2015

2011

1978 - 2003 : Les années Liverpool

Galerie SIT DOWN

10.11.2015 – 20.12.2015

Biographie

Tom Wood (né en Irlande en 1951) est un photographe de rue, portraitiste et photographe de paysage basé au Royaume-Uni. Il est surtout connu pour ses photographies réalisées à Liverpool et dans le Merseyside entre 1978 et 2001, « dans les rues, les pubs et les clubs, les marchés, les lieux de travail, les parcs et les stades de football », où il capture « des inconnus, mêlés à des voisins, des membres de sa famille et des amis ». Son travail a été publié dans plusieurs ouvrages, largement exposé dans des expositions personnelles, et récompensé par des prix. Formé en tant que peintre à la Leicester Polytechnic, il fait sa première exploration des arts multimédia en regardant un grand nombre de films expérimentaux. Son travail a été montré par les plus grands musées et institutions à travers le monde. 

Le critique Sean O’Hagan le décrit comme « un pionnier de la couleur », « un photographe pour qui il n’y a pas de règles », avec « une approche instinctive de la photographie, au plus près des gens » ; il cite également le photographe Simon Roberts, qui affirme que les photographies de Wood « combinent une certaine rudesse et une forme d’intimité d’une manière qui évite les accusations de voyeurisme et d’intrusion qui accompagnent souvent ce type de travail ». Phill Coomes, pour la BBC News, note que « peu importe où elles ont été prises ou créées, ses images portent toujours une trace de présence humaine et, en leur centre, elles parlent des vies qui traversent les espaces représentés ». Vince Aletti, critique photo pour The New Yorker, décrit son style comme « libre, instinctif et d’une justesse parfaite », ajoutant qu’« il fait passer Martin Parr pour un formaliste ».

Ses expositions personnelles et collectives incluent :
  • Tom Wood: Britain 1973-2012, Ekaterina Cultural Foundation, Moscou, Russie (2017),
  • Tom Wood: Photographs 1973-2013, National Media Museum, Bradford,
  • Eyes Wide Open!, Deichtorhallen Internationale Kunst und Photographie, Hambourg (2014),
  • Facts of Life. Photography in Britain 1974-1997, National Museum, Cracovie (2010),
  • How We Are: Photographing Britain, Tate Britain (2007),
  • Shrinking Cities, Museum of Contemporary Art, Detroit (2007),
  • Centre of the Creative Universe, Tate Liverpool (2007),
  • HyperDesign, Biennale de Shanghai (2006).

Certaines de ses œuvres ont rejoint les collections du MOMA et de l’ICP à New York, de l’Art Institute of Chicago, et du Victoria & Albert Museum à Londres.
Il a également reçu le “Prix Dialogue de l’Humanité“ aux Rencontres d’Arles en 2002.

Tom Wood a récemment été le sujet du documentaire de la BBC4 What Do Artists Do All Day? (Que font les artistes toute la journée?) et son oeuvre a été publiée dans l’ouvrage Photography Today : A History of Contemporary Photography (2014), et dans l’édition augmentée à paraître de Bystander : the History of Street Photography (2017).